A l’intérieur de moi-même

Je ne suis pas venue depuis le verdict de la biologiste, ça doit faire deux semaines, c’est fou comme le temps passe vite!

Entre temps j’ai eu mes rougnoutes à 11 DPO. Putain, heureusement qu’il n’y a pas eu de transfert finalement, ça m’aurait tuée de ne pas pouvoir au moins espérer quelques jours de plus. Pis les rougnoutes biiiien chiantes, biiiien longues…

A côté de ça, il a fallu gérer la crise Pouêtesque. Ça a pas été du gâteau pour lui faire cracher ce qui n’allait pas. Et comme d’hab à partir du moment où il vide son sac, tout va super plus mieux. En fait c’est crazy love entre nous actuellement. Pour ne pas être vulgaire du tout comme d’habitude on fait péter les ressorts du lit. (Nan, je déconne, on a pas un sommier à ressorts.)

Faut avouer que j’ai enfin lâché prise. J’ai même lâché prise à un degré totalement dingue. Après une conversation reposée avec Pouêt, j’ai cogité non stop pendant une soirée, une nuit et une journée. J’ai cogité sur lui, sur moi, sur nous, sur notre famille de trois personnes que j’oublie parfois tellement j’ai la truffe dans le guidon du vélo pmesque.

Et j’en suis arrivée à la conclusion (attention, je risque de choquer) que peut être, finalement, je ne le voulais pas tant que ça ce deuxième enfant.

Que peut être je me fourvoyais total dans mon acharnement.

Mon subconscient commence à reconnaître que c’est pas tant que ça une évidence d’imposer la responsabilité d’un être humain à un homme qui n’en veut pas vraiment. A un homme qui accepte à contre cœur pour ne pas perdre sa femme.

Alors l’argument inverse, celui que je brandissais férocement jusqu’à maintenant, c’est que lui même ne peut pas m’imposer le fait de ne pas avoir cet enfant tant désiré. Et après tout j’ai été d’une patience d’ange ces quatre dernières années (deux ans pour qu’il se fasse à l’idée et pour qu’on avance dans nos projets + 2.5 ans d’essais infructueux), il peut bien arrêter de faire le fier ou le capricieux et me donner ce que j’attends sans en faire une montagne et hop tout le monde sera content.

Mais…mais après tout je n’ai pas la peur de ne jamais être mère. Et puis dans une poignée d’année ma fille sera au lycée. Est ce que l’envie de porter la vie et de tenir de nouveau un nourrisson dans mes bras vaut vraiment le coup de me reprendre dans la face toutes les difficultés (à moitié oubliées, naturellement) de la petite enfance? L’inquiétude, les médecins, les gardes?

Et puis tant qu’à noircir le tableau, les vacances en amoureux qu’on peut oublier pendant un petit moment, le coût, les travaux qu’il faudra faire dans la maison pour trouver une place, les douleurs de l’accouchement etc.

Je sais que tout ça c’est une goutte d’eau dans l’océan de béatitude de la parentalité. Que tant de gens payent le prix de leur santé physique et/ou mentale pour arriver à toucher tout ça du doigt. Que moi-même il y a peu, j’étais prête à tout pour m’y étaler, m’y retourner, m’en oindre (je joue les intellectuels, hein?) et en bouffer jusqu’à la nausée.

Mais la parcelle de femme raisonnable qui pointe parfois en moi se dit aussi que ce bébé, si nous l’avons un jour, risquait de naître dans une famille déchirée. Que nous sommes plutôt heureux actuellement et que je ne donne pas cher de notre couple si je continue à imposer tout ça et à faire mon dictateur. Qu’aujourd’hui ma fille grandit dans un environnement stable et que je risque de tout faire voler en éclat pour lui donner un petit frère ou une petite sœur dont elle n’a finalement pas besoin. Que mon amoureux, je l’aime comme je ne suis pas sûre de pouvoir aimer un autre et que je serais anéantie si je le perdais.

Que finalement, cet enfant je ne suis vraiment pas sûre de le vouloir encore.

Je sais bien que de savoir les quatre mini magnums au frais me facilite vraiment les choses. Pour être honnête, pas sûre que ce cheminement me serait venu si je n’avais pas eu la rassurante idée que rien n’est complètement impossible et figé pour toujours.

D’ailleurs, si j’étais vraiment sûre de moi, j’entamerais des démarches pour les détacher de nous et les offrir à d’autres. Mais ça, ce n’est pas d’actualité du tout. Psychologiquement je ne suis absolument pas prête à m’en défaire.

Du côté de Pouêt, mon retournement de veste l’a laissé pantois. Son petit cerveau a du mal à intégrer les choses quand il ne faut pas réfléchir avec son slip, j’en ai peur. Plutôt que de sauter sur l’occas pour mettre fin à tout ça, il s’est montré mortifié et a prudemment reculé. Soit qu’il pense que je ne tiendrais pas la distance, soit qu’il réalise qu’il était plus consentant qu’il ne le croyait. Les deux certainement.

Bref, dans tous les cas nous sommes en pause dans notre parcours. Peut être ou peut être pas que dans quelques mois ou dans un an nous prendrons le chemin du transfert. Je suis en tous cas très sereine et je réapprends à vivre sans la pensée omniprésente de la PMA et d’une future grossesse.

Sinon, j’ai regardé l’autre jour l’émission infrarouge sur France 2. Le thème en était l’infidélité (me souviens plus du titre exact). Mais pas l’infidélité de C’est mon histoire ou Confessions intimes, plutôt le côté physiologique et scientifique.

Et dès les premières minutes, un truc m’a fait tiquer. Figurez vous que lorsqu’une femme a des aventures extra conjugales, le sperme du conjoint officiel et de l’amant suivent un schéma récurrent:

Le sperme du conjoint est composé de spermatozoïdes à rôles fécondants (un peu), combattants (= vont casser la gueule aux intrus: bien plus) et enfin des anormaux en quantité bien plus importante que la moyenne (ce sont les gros gênants qui vont s’agglutiner pour que personne ne puisse aller se taper l’ovule).

Tandis que l’amant, lui, aura une grande majorité de fécondants, qui devront se démerder pour mettre madame en cloque en évitant les boxeurs et les empêcheurs de tourner en rond nager droit.

C’est une révélation. Je sais pas pour vous, les autres femmes d’OATS, mais moi je vais lâcher tous mes amants.

47 commentaires

  1. Ben dis donc, ca c’est de la reflexion! je me demandais ou tu etais passee, t’etais bien occupee!

    Je pense que c’est important de se poser et faire le point pour savoir ou vous allez! Et cette pause ne peut etre que benefique!

    En attendant, moi qui croyais que de prendre un amant me garantissait le bebe couette, je suis bien decue!

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  2. Wawh….. Contente de savoir que tu vas bien! On commençait à se faire du souci pour toi! Bon là il est tard, j ai lu rapidement, mais en gros vous allez bien!!! Ça doit te faire du bien ces discussions, ce lâcher prise, cette pause…
    Moi je ne m en rends pas encore vraiment compte car je débute, mais j imagine…
    Je te fais des bisous!!!

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  3. Contente de te lire 🙂
    Effectivement c’est cool d’avoir du back up pour pouvoir se poser deux secondes et se questionner, comme n’importe quelle nana fertile en fait, qui n’a pas le nez rivé sur sa montre parce qu’elle sait qu’elle peut enfanter quand ça lui chante. J’imagine qu’avec 4 blastos au frais, la tension n’est pas la même et c’est tant mieux si ça vous permet de souffler. Le mot d’ordre c’est sérénité alors. (Et baise folle)(c’est pour tes requêtes, de rien ça me fait plaisir)
    Et puis tu verras peut-être aussi Pouêt évoluer sur le sujet sans la pression du protocole, moi j’aime bien ces moments de creux où par la force des choses je ne suis plus sur son dos et qu’il se confie sur son « vrai » désir d’enfant. Vous n’êtes pas à l’abri de jolies surprises. En tous cas si elle est voulue cette pause sera bénéfique, elle durera peut-être pas un an mais rien que le fait de pouvoir imaginer aujourd’hui qu’elle puisse durer autant me fait penser qu’on tient le bon bout, les gars ! Mais tu viens nous donner des news quand même hein !

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    1. Merci pour la requête. « Baise folle », j’avais pas encore. Comme tu le dis, tout l’interêt est que ce n’est pas une pause forcée. C’est tout récent mais j’ai l’impression que ça fait déjà des mois.

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  4. Ouf !!! Très heureuse de te lire. On commençait à se demander si t’avais pas été kidnappée par des bonshommes verts.
    Parfois, la pause s’impose d’elle – même. C’est inéluctable, pour son bien-être personnel et pour celui de son couple et de sa vie sociale.
    Je vous espère une pause remplie d’amour et de joie de vivre (et de poney). Gros bisous.

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  5. Ca me fait plaisir de te lire ❤️ durant nos 5 années d’essai j’ai eu des moments de doute comme si la quête de l’enfant devenait irraisonné : et si c’était un gros caprice? Sous entendu comme toi : est-ce que je veux vraiment un enfant? Je n’en ai pas et je ne me rends pas compte de ce que ça implique. Je suis allée plus loin encore car avec mes fc on nous parle d’embryons malades. Quand lors de l’agrément on m’a parlé d’enfant malade (vih, cancer, autisme, schizophrènie) j’ai été claire : non je ne pourrai pas. Alors si la nature m’en empêche c’est peut être pour une bonne raison non?
    J’appelle ca mes phases de réalisme. Pour ta part je te sens tellement sereine que je ne suis pas sûre que ça soit une phase mais plutôt un declic. Il y a un moment ou on réalise que se disséquer le cerveau ne nous apporte pas plus. Alors laisse toi porter sans réfléchir…
    Très bel article en tout cas…. ❤️

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    1. Comme je le disais, je peux me permettre ce genre de réflexion parce que j’ai le luxe d’être déjà mère. Et je ne pense pas que se dire que la nature fait bien les choses dans ton cas soit du « réalisme »…

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  6. Bravo pour cet incroyable lacher prise! et ça me choque pas du tout! Pourquoi s’acharner dans à aller dans un endroit qui fait si mal quand il y a tant d’endroits jolis autour de nous? J’espère que tu vas continuer à alimenter la blogo quand même car tu m’avais manqué 🙂

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  7. Ouf !! la chouette est revenue, je dis wahou pour la révélation. L’important c’est que vous trouviez votre équilibre quelqu’en soit le résultat et tant mieux si les magnums te permettent de prendre du recul ! Pour l’OATS heureusement que t’es la pour nous trouver des solutions car aucun gyneco ne nous a parlé de ça hein, bande d’incompétents !

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  8. Contente de te lire !! Et surtout, contente de lire que tu vas bien… J’imagine que ces qq jours d’introspection ont dû te faire drôle, mais au final si votre couple en sort plus fort, c’était une bonne chose…
    Que c’est difficile en effet de ne pas avoir la « tête dans le guidon » parfois avec ces parcours…

    Prenez le temps de vous retrouver (ça a l’air plutôt bien parti 😉 ), le reste se décantera et la réponse quant à la suite du parcours viendra plus tard…

    Bisous !

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  9. Je crois aussi qu’en PMA, on a le temps de se poser des questions que les autres ne se posent pas. Et en même temps, on est pris dans le tourbillon, dans la peur de ne pas y arriver.
    Moi-même, je traverse des sacrés moments de doute depuis que je sais, que je pensais pas traverser et que je trouve très déplacés d’étaler mais je le mentionne rapidement dans ce commentaire parce que je crois qu’au fond, je ne suis pas la seule et que ce n’est pas tabou.
    J’en parle avec des personnes que ça ne blesse pas, qui ne sont pas dans l’émotion de la PMA. Cela ne me viendrait pas à l’idée d’en discuter avec des personnes qui sont dans ce parcours.

    En tout cas, je te souhaite de suivre tes envies du plus profond de l’intérieur de toi ! 🙂

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    1. Je ne vois vraiment pas en quoi tes doutes seraient déplacés. Ce qui me paraîtrait bizarre, en fait, ça serait de tomber enceinte après un tel parcours et d’être super relax…
      Si tu te souviens des posts de Miliette (entre autre), je crois que ça tendais pas dans le « je suis la plus heureuse du monde », mais plutôt dans le « j’ai jamais eu autant la trouille de ma vie ».

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  10. Bravo pour ce cheminement, bravo pour assumer tout cela. Tu as en effet le luxe d’être déjà maman mais cela n’amoindrit pas ta douleur de Pmette. Peut être qu’aujourd’hui tu identifie mieux tes priorités…. la pause sera bénéfique, la pause te redonnera un second souffle, la pause te donnera ta réponse. Gros bisous à toi

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  11. Alors ça c’est de la réflexion! Tu t’y es pas mis à moitié dis moi…
    Tu m’étonne que ça ait troublé Pouet…

    Ce qui compte c’est que vous soyez bien, que vous reveniez ou pas à la PMA par la suite, l’important c’est de pas vous perdre alors que vous semblez si bien vous être trouvé.

    Je n’ai pas regarder l’émission infra-rouge sur l’infidélité mais sur les recommandations de Miliette j’avais regardé celui sur l’homosexualité et je l’avais trouvé bien faite comme émission donc ça m’étonne pas qu’ils aient su traiter l’infidélité sans tomber dans confessions intimes…

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    1. Oui, j’ai regardé en replay l’émission précédente… Horrible.
      Celle sur l’infidélité était bien plus joyeuse, heureusement. Limite si j’ai pas envie de me faire ma petite collec d’amants maintenant.

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  12. Faut vraiment que tu arrêtes de réfléchir toi… Ça produit des trucs bizarres et tu disparaît et on s’inquiète. Donc stop. Ça tombe bien, t’es en pause. Mais arrête les pauses blogo, c’est nul.
    Sinon. Je te soutien (gorge).

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  13. Bisous la Chouette. Quand tu disparais, je sais bien que tu vas reaapparaitre et qu’il te suffit un peu de temps. Tant mieux si avec Pouet cela se passe beaucoup mieux. Prenez bien soin de vous. Les mini magnums vous attendront.

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  14. Ha ! Contente d avoir de tes nouvelles ! Tu vois moi je me suis posée ces questions et pourtant je ne suis pas maman 😉 Il y a 4 ans j etais tellement obsédée par mon désir d enfant que je ne faisais plus attention à mon couple et à ce que pouvait ressentir mon homme. Ma fausse couche nous a achevé et on a du prendre un an pour se reconstruire et se retrouver. Et surtout retrouver un désir d enfant sain qui est présent pour les 2 protagonistes. Du coup, depuis qu on a repris les essais en 2012 notre couple le vit bien. C’est super que tu aies pu prendre le recul pour te poser ces questions et faire ce qu il y a de mieux pour vous 2. Des gros bisous

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