C’est comment?

J’ai testé pour vous: « C’est comment quand tu viens de te farcir une fiv de merde sans transfert, et que t’as pas envie d’enchaîner tout de suite sur la prochaine? »

1) Tu te rends compte qu’il n’y a pas le taux d’oestradiol qui compte. (Y’a aussi la taille, héhé)

Tu ouvres ton univers à d’autres choses qui t’avaient complètement échappées pendant des mois (années). Par exemple: de quelle couleur pouvons nous repeindre ces chiottes? Parce que le jaune pisseux, c’est certes thématique mais c’est d’un mauvais goût absolu. Une bonne heure à casto pour choisir « ficelle ». Je suis sûre que la Reine aurait choisi « ficelle » aussi. « Ficelle », c’est comme du gris mais en mieux. Tu sors avec ton pot et tu sens bien que tout le monde t’envie d’avoir autant de goût. N’oublies pas tes Louboutins ce jour là.

2) Le radar à ventres pleins est toujours en open bar.

Et les petites insultes qui fusent (en silence) aussi. Tu te surprends à traiter de pétasses un nombre hallucinant de femmes dans un espace de temps ridiculement court.

A gauche: « pétasse »

A droite: « grrrr, pétasse »

Devant: elle laisse glisser sa main sur son ventre, elle a peut être des gazs mais elle est peut être enceinte: « grosse pétasse ».

3) T’as des réflexes à la con.

Tous les jours, pour aller bosser comme une esclave pour un salaire ridicule travailler tu passes devant le labo. Et TOUS LES JOURS il se passe à peu près ça:

« Oh, tiens, le lab…OH PUTAIN DE MERDE! J’ai pas fait ma prise de sang ce matin!!! »

Sérieux, tous les jours.

J’ai un taux d’adrénaline au plus haut à chaque fois que je me pointe au taf.

4) Même au niveau job, t’es plus tout à fait la même.

Y’a plusieurs prises de sang par jour chez moi. « Pour faire du boudin » je dis à mes patients qui ont de l’humour. « Je vous le sers ce midi » je dis à ceux qui ont le plus d’humour.

Enfin bref, vous aurez compris que c’est l’éclate. Patrick Sébastien peut aller se rhabiller.

Et donc, pour chaque bilan sanguin je remplis une petite fiche. Et en bas de la petite fiche, faut cocher des trucs: à jeun oui/non, diabète, anticoagulant…

Et surtout « grossesse » (là, y’a mon subconscient atteint du syndrome de la Tourette qui crie « salope de pétasse! ») et puis le dernier truc c’est… « FIV ».

Hé ben vous allez pas me croire, mais depuis que j’ai commencé ce putain de parcours je suis à CHAQUE fois sur le point de cocher la case. Même que je l’ai déjà fait. Plusieurs fois… J’ai honte.

(En plus, faut avouer que si une de mes patientes tombait enceinte, FIV ou pas FIV, je serais bonne pour faire venir le Pape en grande pompe.)

D’ailleurs, y a tellement d’autres situations que je crois que je vais faire un deuxième épisode.