La conversation

Ce week end, ma fille m’a tannée avec l’histoire de lui filer ou pas un petit frère ou une petite sœur qui viendrait fouiller dans ses affaires. Elle était un peu fatiguée et énervée et a même exigé une date butoir. C’est donc là, la cuillère dans la marmite et Pouêt sur le pas de la porte que je lui ai dit que non, il y avait toutes les chances pour que nous consacrions notre fric à ses caprices à elle exclusivement.

Bon, ok, je l’ai pas tout à fait dit comme ça. Je lui ai lancé un peu trop brutalement que nous ne pouvions pas avoir d’enfants. Elle a été un peu choquée sur le coup, mais au final je l’ai senti soulagée d’avoir une réponse définitive. Elle a demandé quand même pourquoi et la seule réponse suffisamment vague que j’ai trouvé était que c’était un peu comme une maladie.

Nous en avons reparlé avec Pouêt une fois qu’elle était couchée, et cette conversation a amenée celle de « que faire de nos 4 mini magnums? ».

Il marchait un peu sur des oeufs mais nous sommes tout de même tombés d’accord pour le don à d’autres couples, même si ça implique des complications d’ordre paperesque. Jusque là tout allait bien. Ça allait bien jusqu’à ce qu’il me parle de mes difficultés à entendre parler d’unetelle ou unetelle qui était enceinte pour la xième fois. Ou de ces amis que nous avons vu il y a quelques temps et dont la femme était en cloque si rapidement (du moins c’est l’impression que j’en avais). Quand il m’a dit qu’il voyait bien les réactions violentes que je tentais de cacher et mes traits qui se décomposaient.

Et là, sans frapper à la porte comme la décence l’exige, les larmes sont montés dans mes yeux à la vitesse d’un cheval au galop.

C’est dingue parce que je suis très à l’aise avec notre choix. Depuis ce matin qui avait suivi une nuit blanche où j’ai réalisé que, basta, c’était trop pour moi et l’herbe n’est pas forcement plus verte dans la prairie du voisin. Que je savais ce que j’avais mais pas ce que j’aurais, et que ce que j’avais c’était déjà pas mal du tout. Un enfant adorable mais l’adolescence arrive je crains le pire et en bonne santé, un amoureux super chiant des fois qui me dit presque tous les jours qu’il me trouve belle et spirituelle, un job, un toit délabré sur la tête…

Bref, pas de quoi se plaindre.

J’en suis même au point où je me réjouis archi sincèrement de lire les grossesses de pmettes. Non pas que je me réjouissais jamais avant, mais il y avait des périodes où je ressentais ce pincement au cœur et où les récits d’écho étaient trop pénibles pour que je puisse les lire tout de suite. Vous connaissez toutes ça.

Maintenant ça me fait juste sourire. C’est cool.

Alors pourquoi est ce que j’ai pleuré comme une madeleine ce soir là? Parce que ces quelques mots inquiets de Pouêt on fait remonter tout le « c’est pas juste » de ce court parcours PMA. Les piqures, les échos, la stim foirée et la stim qui a bien failli se solder par rien du tout vu que l’homme qui partage ma vie a été à deux doigts de ne pas venir faire son offrande de merde. Et l’hyperstim. Tout ça pour des noisettes. Alors qu’il aurait été si simple de se faire féconder comme n’importe quelle cassos. En 3 ans (dans un mois) j’aurais pu pondre 3 gamins à conditions de niquer dès la sortie de la mater.

Alors j’ai pleuré sans sanglots, avec les larmes qui dévalaient juste mes joues. Pouêt les épongeait au fur et à mesure, et comme il était si bien disposé, j’ai (presque) tout balancé. Les très nombreux tests que j’ai fait derrière son dos, le faux positif de l’autre fois avec la prise de sang négative qui a suivi (là je l’ai senti ébranlé), les blogs de PMA qu’il me voyait lire discretos sans jamais avoir compris ce que c’était, le fait que je pensais aux embryons quand j’ouvrais le congélateur…

Bon, j’ai pas dit pour ce blog, faut pas pousser.

Voilà, je suis maintenant sûre qu’il a compris que même si j’étais décidée, je surmonte tout de même le deuil d’un second enfant, et surtout celui de ne pas l’avoir eu en 6 mois et en baisant sur la machine à laver. Je ne me serais pas posée toutes ces questions et nous aurions pris les choses comme elles venaient. Maintenant c’est trop tard et ces embryons ne grandiront pas dans mon ventre. Puissent ils grandir dans un ou des autres.

Et pour me faire pardonner cet article pas très marrant et lacrymal, je vous prépare l’épisode 2 de la saga de l’été, cf le précédent article protégé. Et un petit gif!

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Quand je me fais prendre en flag en train de commenter un article de blog:

144 commentaires

  1. J’aime la façon que tu as de nous livrer tes sentiments. On sent toujours une grande sincérité à travers la pudeur humoristique.
    Et j’admire la façon dont tu te tiens à ta décision. Avoir fait ce chemin et être capable de dire « trop c’est trop ».. Je n’aurais pas cette force. Une voix en moi a envie de te dire « mais vas y, tente ta chance, gardes-en au moins un pour toi » mais c’est sûrement totalement déplacé..
    C’est chouette que tu aies pu vider une partie de ton sac à Pouêt et surtout qu’il ait compris.

    (si mon mot est un peu décousu, c'est sûrement que j'ai bu une leffe de trop, sorry)

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  2. J’espère que t’être ouverte à Pouêt, t’aura fait un peu de bien. La décision a été prise mais cela n’enlève rien à la douleur de l’échec. Il faudra du temps. Biz

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      1. Moi je n’arrête pas de dire a mon mari regarde ( tous nos amies sont des pbc1) elle regarde du sperme elle tombe enceinte … Et nous , cest des piqures des iacs , des branlettes au labos tout ça pour ca …

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  3. Je le trouve si juste ton article, tout simplement par ce qu’il est à ton image et complètement sincère. Votre décision est si personnelle qu’il est difficile de dire quoi que ce soit, Si ce n’est t’assurer que vos embryons feront bien l’objet d’un don et non pas d’une conservation longue durée comme en avait parlé Julys dans l’un de ces derniers articles.
    Ça fait mal de savoir que toutes ces larmes silencieuses soient venues à l’improviste mais je suis convaincue que ça fait partie du deuil… Et que tu avances, c’est indéniable. Bravo….
    Quoi qu’il en soit je me dis et je le répète, tu es formidable (et magnifique et très spirituelle bien sur ☺️).

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              1. Je rectifie les courbes de ton ailes sont d’une perfection saisissante. Quand je te vois faire une pelote de réjection je suis prise de bouffées de chaleur.

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    1. Ton post m’a ému et tes mots me parlent beaucoup… Les larmes elles viennent toujours quand on ne s’y attend pas et avec des sanglot dans des moments si intense d’émotions 💜 je t’embrasse très jolie chouette personne dont j’adore la bouille prise en flagrant délit

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  4. Décider d’arrêter c’est pas évident mais tu sembles ferme dans ton choix, je te fais un gros câlin en espérant que ces larmes laisseront bientôt place a plus de sérénité. PS: t’es spirituelle, si si n’en doute pas!!!

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  5. Une décision pas facile à prendre et à tenir. Ce parcours est tellement injuste même quand il se finit bien que c’est normal qu’il fasse ressortir plein de choses à son évocation.
    Puis il y a un deuil à faire, jamais facile… Pouet a l’air à l’écoute, c’est bien, parlez-en et prenez votre temps pour faire votre deuil avant de signer les papiers, le temps n’a pas d’importance sur la banquise…

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            1. C’est pour ça que j’y retourne pas, j’ai peur de me faire chier (en vrai j’ai tanné Patron pour qu’il me reprenne plus tôt en me scotchant derrière mon bureau, mais la hiérarchie est en vacances et ne peut pas valider :/ )

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              1. Insupportable le droit du travail et les RH… Franchement si tu veux bosser et que ton boss est OK pour te coller assise derrière un bureau à gagner des followers Twitter, je vois pas le problème. En plus ça coûtera moins cher à la sécu !

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              2. En plus, j’ai essayé d’expliquer à la sécu que ça leur coûtait moins cher de me prendre en charge 2 taxis par jour pour que je continue à aller bosser jusqu’à la ponte vs me payer pour rester à la maison à enfiler des perles, je les ai pas senti très réceptifs à mes calculs…
                Ils arriveront jamais à combler le déficit avec une attitude si peu innovante !

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              3. Déjà fait, car au moins il y a la clim et une petite bouteille d’eau et le mec sent moins la transpi et le tabac froid, mais c’est pas plus remboursé par la sécu…
                Je pense que je suis leur meilleure cliente de juin-juillet et j’ai rien gagné… pfff

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  6. Cela ne doit pas être évident de dire cela à sa fille. Je trouve par ailleurs très touchant de voir Pouet venir vers toi engager cette conversation et te permettre d’être écoutée. Il y a beaucoup de non dit dans ces parcours, chacun gamberge dans sa tête ne veut pas faire souffrir l’autre. J’espère que tu trouveras bientôt plus de soulagement. Je t’embrasse (tu es décidément une de mes préférées) 💜💜💜

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  7. C’est bien qu’elle ait eu lieu cette conversation… Votre décision est difficile et avoir crevé cet abcès – dont tu n’avais pas tout à fait conscience- même si cela a été douloureux sur le moment sera salutaire sur le long terme me semble t il…
    C’est vrai que c’est injuste… Et même quand ça marche c’est injuste, perso j’ai tjs ce petit pincement au cœur quand on m’apprend une grossesse…
    Bisous de réconfort…

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  8. C’est un choix courageux que vous avez faits mais il fait du temps pour renoncer… C’est bien d’en avoir parler à pouet et à ta fille. Je comprends ce sentiment d’injustice que tu vis. Et si ça c’était passé autrement????

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  9. C’est ce qu’on appelle une mise à nue, une vraie… C’est la décision la plus difficile que tu aies dû prendre dans ta vie, alors impossible de canaliser toutes les émotions enfouies derrière cela… Plein de bises

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  10. Je crois que le sentiment d’injustice a l’annonce d’une grossesse facile ne disparaîtra vraiment jamais… Sauf pour les gens que tu aimes sincèrement (c’est ce que ça me fait moi).
    Ta décision est prise et je pense que cette extériorisation etait necessaire pour vous deux.

    Quant à Pouet, comment vit il sa non paternité ?

    Une fois n’est pas coutume : cœur cœur cœur. Et bisous. PS : je suis sûre que ta fille est génialissime ! Adorable. Et sera une ado parfaite. Vi vi vi.

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  11. J’ai terriblement honte car j’ai sans doute raté un épisode, je n’avais pas du tout compris que ton/votre choix était définitif. C’est la preuve d’une grande force car c’est un choix oh combien difficile. Tu sais que j’y ai pensé aussi un instant à donner nos 4 findus, mais c’était plus sur un moment de colère et de grande tristesse je crois. Je ne sais pas si j’en serais capable au moment où il le faudra. Je t’admire pour ça. En tout cas, c’est bien de pouvoir en parler avec Pouet et avec ta fille aussi… Je t’embrasse.

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  12. Ce n’est pas parce qu’une décision est ferme et assumée qu’elle n’est pas difficile pour autant. Tu vis un deuil avec ses hauts et ses bas. C’est bien que vous ayez pu parler avec Pouet, et je pense que c’est une bonne chose aussi d’avoir mis la petite au courant, je pense que sa question n’était pas anodine, elle devait sentir qu’il y avait qq chose.
    Je te fais plein de bisous ❤

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  13. Le gif final est amusant mais le reste de ton article est très profond et on sent bien qu’il fallait que tout cela sorte une bonne fois. Que la décision soit prise est une chose, qu’il te faille en parler et mettre des mots sur les souffrances passées et/ou tues en est une autre. Ce passage à vide, à nu est obligatoire, il est sain et te/vous fait du bien, même si au passage, il fait encore un peu souffrir.

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  14. C’est sur que verbaliser cette décision a voix haute auprès des gens qui comptent (ton Pouet et ta fille) donc un sens définitif à cette décision alors que tant que c’est juste tacite tu te laisses le choix de changer d’avis. J’imagine très bien que ces dur de se demander de ce qu’on va faire de ces petits bouts de nous qu’on a tellement désiré et quand on en a chié ! Je comprends ton sentiment d’injustice d’être obligée de prendre des décisions que tu n’aurais jamais du ou voulu prendre si t’avais été une PB de C1… ‘tain Est-ce qu’on est obligé d’en chier pour tout ????? Des bises la chouette et total respect pour ce face à face avec toi même !

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  15. Que de choses dévoilées à ton Pouet! C’est vraiment une période particulière avec ton « repos » forcé (ça n’a pas l’air très reposant tout le temps) et les résonances de ta décision. J’espère que ce partage vous facilite les choses, quand je te lis en tous cas, je sens (comme toujours hein!!) une sacrée force de caractère et à défaut d’avoir vu Pouet nu (ah les promesses!), je l’imagine comme un mec hors du commun. Des bises

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  16. Bah mince alors, j’ai écrit un commentaire et je ne le vois plus… Bref c’était pour te faire des bisous, et te dire qu’une décision sûre et assumée n’en est pas pour autant facile à vivre. C’est bien si vous avez pu en parler avec Pouet et à ta fille.
    Et j’attends avec impatience la suite de l’article protégé ! Et j’ai bien ri avec le GIF. Mon chéri sait que je suis sur des forum, des blogs etc. mais il ne sait pas que j’ai mon propre blog, je me planque !

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      1. Tout ça pour les stats, quelle honte !!
        Ouais je me planque, j’écris très rarement un article en sa présence, si je le fais c’est qu’il est bien occupé ailleurs, et si je le vois se rapprocher je change vite de page !! Pour le reste il sait (on a même déjà fait des rencontres, tu sais que c’est drôle deux mecs qui comparent leur vécu de la biopsie testiculaire), pour le blog non.

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          1. Et sinon il est prévu quand l’article protégé ? Ca doit faire 12 fois que je vais vérifier sur ton blog… (avoue tu fais ça pour les stats aussi !!)

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  17. Ah ben bravo, je n’applaudis pas Pouet pour sa provocation…
    Sinon plus sérieusement je pense que c’est une bonne chose que tu es dis la réalité à ta fille.
    Pour la conversation avec Pouet, ça fait du bien de balancer ce qu’on a sur le cœur et ce qui trotte dans la tête. Tu n’as pas encore terminer le processus de « digestion » de la PMA mais tu me semble sur la bonne voie pour avoir une vie juste apaisée.

    Bisous.

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  18. Elle est belle votre relation avec Pouet, je trouve ça si émouvant qu’un homme se soucie de ta douleur face aux femmes enceintes quand plein d’autres (dont le mien) n’y comprendront rien, ne le verront pas.
    Alors je ne sais pas quoi dire sur cette décision que vous avez prise et puis après tout ça ne m’appartient pas de la commenter de toute façon mais je trouve ça chouette que vous en parliez si ouvertement. Car ce n’est pas une décision facile à prendre, ce désir d’enfant a pesé dans votre vie de couple et ce n’est pas parce que vous avez décidé de passer à autre chose que le désir d’enfant n’y est plus.
    Un gros bisou ma belle ❤ (et une baffe à Miliette la dégueux si je peux me permettre aussi !)

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  19. Bon la Chouette, j’ai bien compris où tu voulais en venir moi : les followers, toujours plus de followers! Avoir donné ses ovocyte n’était pas suffisant vu que d’autres l’ont fait aussi – mais donner ses ovocytes + donner ses embryons, ça doit être sacrément rare… c’est sûr que tu cherches encore à augmenter ton aura; prochaine étape, tu lance une secte et toutes les PMettes te suivront les yeux fermés, vu que t’es devenue leur idole.
    Blague à part, j’ai l’impression qu’une partie de la difficulté vient de comment gérer ce genre de décision quand M et Mme ont des visions différentes – les concessions dans ce domaine, c’est chaud (dans un sens comme dans l’autre)… surtout qu’en PMA, c’est nécessairement une vraie décision, tu ne peux pas vraiment laisser la vie décider pour toi!
    En tout cas, c’est une sacré étape de franchie, bravo.

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  20. Quelle décision !!!! Je serais incapable d’en faire autant, sauf dans le cas où un précédent brybry aurait terminé par un bébé dans nos bras. Autant dans la vie en général je donne gratuitement, ça ne me dérange pas, mais dans ce cas donner sans avoir jamais reçu, ça serait au-dessus de mes forces.

    Manque plus que tu dévoile le blog à Pouët. Chiche ! 😀

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      1. Bon tu me les fais à combien les 4 ?
        C’est de la top qualité ?
        Je veux ton cv ainsi que celui de Pouet + les mensurations de Pouet (bien sûr que c’est important) + tout vos compte rendu pma + 1 photo de chacun de vous du haut en bas et tout nus, c’est mieux pour juger de la marchandise.

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  21. L’important est d’être en accord avec ta décision, après les « rechutes » sont normales… t’a vu ton parcours aussi ! Comment tu veux effacé ça en deux secondes ! Aller courage la Chouette, t’a quand même l’air d’avoir un sacré Pouet auprès de toi et ça, ça n’a pas de prix 🙂 Gros bisous

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  22. C’est une décision sacrément dure et qui justifie quelques larmes.
    Vous avez parcouru un long chemin. Il est difficile, je trouve que cette conversation est pleine d’amour. J’admire votre force à tous les deux. Je vous souhaite plein de bonnes choses pour l’avenir. 🙂

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  23. Les enfants ont parfois le chic pour mettre le doigt juste là ou on ne veut pas … Mais peut-être qu’au final, ça a aidé pour débloquer beaucoup de choses. Je ne sais pas vraiment quelle réponse te faire, je me sens maladroite, mais en tout cas, j’ai l’impression que tout déballer à Pouet t’a fait du bien. Votre décision est un choix très difficile à prendre, j’imagine combien de fois vous y avez pensé, mais en tout cas, à mes yeux, quand je sais ce que ça en coûte, cela force le respect ! Des bisous

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